Qu’est-ce que l’éducation relative à l’environnement?

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Selon Lucie Sauvé, fondatrice et membre émérite du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE), l’éducation relative à l’environnement (ÉRE) concerne toute forme d’éducation qui a trait au rapport à l’environnement. Plus qu’une éducation «au sujet de» ou «à propos de» l’environnement, c’est aussi une éducation «dans», «par» et «pour» l’environnement. À travers trois perspectives complémentaires, l’ÉRE vise à:

  1. Contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement et à la transition socio-écologique;
  2. Favoriser le développement intégral des personnes et des groupes sociaux;
  3. Offrir des pistes pour l’amélioration de la pédagogie.

Pour y parvenir, l’ÉRE favorise le développement de connaissances (des savoirs) et soutient l’acquisition de compétences personnelles et collectives (des savoir-agir et des savoir-être) notamment d’ordre éthique, critique, politique, esthétique et heuristique. Elle accompagne la structuration du vouloir-agir et du pouvoir-agir qui constituent des conditions essentielles au déploiement de telles compétences. L’objet de cette éducation n’est donc pas l’environnement en tant que tel, mais bien la relation que les personnes et les groupes sociaux entretiennent avec lui. En ce sens, l’ÉRE ne constitue pas une «éducation à» parmi d’autres. Elle constitue une authentique dimension de l’éducation fondamentale.

Concrètement, l’ÉRE se traduit entre autres par:

  • Une abondance de courants pédagogiques: naturaliste, conservationniste, résolutique, systémique, éthique, biorégionaliste, pratique, critique, féministe, ethnographique, etc.
  • Une diversité d’approches pédagogiques: expérientielle, interdisciplinaire, résolutique, réflexive, coopérative, holistique, critique, sensible, créative, etc.
  • Une foule de stratégies pédagogiques: projets communautaires, jeux de rôles, itinéraires environnementaux, autobiographies environnementales, animations, jardinages pédagogiques, lectures de paysage, mobilisations collectives, etc.

En outre, l’éducation au développement durable ne correspond pas à l’unique façon d’envisager l’ÉRE chez ENvironnement JEUnesse en raison notamment de la posture critique.

La mission d’ENvironnement JEUnesse expliquée

ENvironnement JEUnesse vise à conscientiser les jeunes du Québec aux enjeux environnementaux, à les outiller à travers ses projets éducatifs et à les inciter à agir dans leur milieu. L’organisme valorise ainsi le développement de l’esprit critique et donne la parole à la jeunesse engagée afin qu’elle fasse connaître ses préoccupations, ses positions et ses solutions concernant les enjeux environnementaux actuels. Voyons comment cette mission se décline suivant les différentes composantes de l’ÉRE:

Sensibiliser | ENvironnement JEUnesse favorise le développement de connaissances (des savoirs) en offrant des conférences sur des thèmes variés. L’organisme joue également un rôle de sensibilisation à travers des campagnes comme Bye bye, plastique! ou dans ses communications numériques.

De manière générale, les activités de sensibilisation visent à informer une ou plusieurs personnes sur une problématique environnementale particulière pour mieux la comprendre. Il s’agit aussi d’une approche visant à rendre «sensible à un sujet», notamment en interpellant la dimension affective.

Les activités de sensibilisation favorisent donc des actions qui vont attirer l’attention, qui sont généralement ludiques et participatives. Les activités de sensibilisation peuvent être ponctuelles ou récurrentes, et elles se caractérisent par une interaction de courte durée.

Les activités de sensibilisation peuvent être vues comme une étape préalable à la prise de conscience qui est une des clés du passage à l’action!

Outiller | Pour aller plus loin, ENvironnement JEUnesse organise chaque année depuis 1985 un colloque en environnement. Lors de ce colloque, les ateliers permettent le développement de compétences personnelles et collectives (savoir-agir) composées de connaissances, d’habiletés et d’attitudes (des savoirs, des savoir-agir et des savoir-être) qui vont au-delà de la sensibilisation à un enjeu donné. En plus d’informer ou de sensibiliser, le développement de compétences vient outiller les personnes ou les groupes à passer à l’action.

Ce type d’activités, souvent appelées formations, s’appuie souvent sur une participation active des personnes afin de favoriser le développement de l’esprit critique et l’apprentissage. Cela leur permet de clarifier et préciser leur motivation et de développer les opportunités et l’autonomie d’action (vouloir-agir et pouvoir-agir).

Inciter à agir | Dans le cadre de ses programmes d’accompagnement et de certification, ENvironnement JEUnesse contribue au vouloir-agir en motivant les jeunes et les institutions par plusieurs moyens: tisser des liens avec un réseau engagé et inspirant, bénéficier d’un rayonnement dans les médias ou recevoir un certificat de reconnaissance.

D’autres activités incitent les personnes et les groupes à passer à l’action avec des projets et des concours motivants, comme le concours de recyclage de piles ou le programme Jeunes leaders pour l’environnement.

Enfin, les programmes CPE durable, Matière verte et Cégep Vert du Québec soutiennent le développement du pouvoir-agir en incitant les milieux à former des comités décisionnels avec des membres de leurs communautés. ENvironnement JEUnesse lance des appels régulièrement auprès des jeunes pour les inviter à prendre part aux audiences et consultations publiques pour faire valoir leurs points de vue.

Par exemple, dans le cadre des consultations publiques sur le projet de Gazoduq et de GNL Québec par le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE), ENvironnement JEUnesse a réuni une trentaine de jeunes pour préparer sur un mémoire qui présente leurs inquiétudes et leur opposition au projet. Le mémoire est parsemé de témoignages poignants, de poèmes, d’une lettre ouverte et d’une oeuvre d’art.

Dans le prochain article de la série, nous verrons le continuum de l’ÉRE de la petite enfance à la vie adulte avec un exemple concret lié à la mobilité durable.

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Éléments de définition

Approche pédagogique | Orientation qui guide l’organisation générale de la situation pédagogique. Par exemple, pédagogie de projet, de terrain, de résolution de problème, approche artistique, coopérative, expérientielle, etc. (Référence: Legendre, R., 2005. Article «Approche pédagogique». Dictionnaire actuel de l’éducation. p.118. 3e édition. Montréal: Guérin. Voir aussi: Sauvé, L., Villemagne, C. et Orellana, I. (2003). Éléments d’une pédagogie de l’éducation relative à l’environnement. Module 4. Programme d’études supérieures – Formation en éducation relative à l’environnement – Francophonie internationale. pp.37-38; 45-46; 51; 81; 107. Montréal: Les Publications ERE-UQAM, Université du Québec à Montréal – Collectif ERE-Francophonie.)

Développement durable | Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. (Référence: Rapport Brundtland, 1987.)

Écocitoyenneté | L’écocitoyenneté constitue la dimension politique du rapport qu’entretiennent les personnes et les sociétés à leur environnement. Elle concerne la prise en charge collective et démocratique des enjeux socio-écologiques car ces derniers sont d’intérêt public. Se déployant à toutes les échelles (de la sphère privée à la sphère planétaire globale en passant par exemple par l’école, le milieu de travail, le quartier, la biorégion, etc.), l’écocitoyenneté comporte des aspects personnel et collectif qui recoupent un certain écocivisme plus instrumental, mais ne s’y réduisent pas. Elle ouvre sur des espaces d’engagement éthique fondamental où les systèmes de valeurs se construisent collectivement en fonction des situations et de leurs contextes. L’écocitoyenneté vise ainsi une écologisation de la citoyenneté et plus largement de la démocratie pour un «vivre-ensemble» incluant au cœur de ses délibérations, les autres formes de vie et les milieux qui les soutiennent. (Référence: Sauvé, L., 2017.)

Écologisation | L’action de rendre conforme aux principes de l’écologie. Ainsi, l’écologisation permet de tirer les apprentissages de la discipline de l’écologie pour les intégrer à nos pratiques, notamment éducatives ou de gestion, et à nos visions du monde.

Écologisation selon UNESCO-UNEVOC | Le processus de quête de connaissances et de pratiques dans l’intention de mieux respecter l’environnement et d’inspirer les décisions dans le sens d’une plus grande responsabilité économique, pouvant favoriser la protection de l’environnement et la durabilité des ressources naturelles pour les générations actuelles et futures. (Référence: UNESCO-UNEVOC, 2017.)

Éducation relative à l’environnement | Dimension de l’éducation fondamentale qui concerne toute forme d’éducation qui a trait au rapport à l’environnement. Plus qu’une éducation au sujet de ou à propos de l’environnement, c’est aussi une éducation dans, par et pour l’environnement. À travers trois perspectives complémentaires, elle vise à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement, à favoriser le développement intégral des personnes et des groupes sociaux, de même qu’à offrir des pistes pour l’amélioration de la pédagogie.

Société écocitoyenne | Les membres d’une société écocitoyenne comprennent collectivement les enjeux associés au vivre-ensemble entre les humains et les autres formes de vie (comme la crise climatique, la perte de la biodiversité, les inégalités sociales, etc.) au sein d’un environnement commun et s’appuient sur différentes sources de savoirs dont les connaissances traditionnelles et autochtones, les savoirs scientifiques et citoyens pour ce faire. Il s’agit d’une société capable de mettre en place les conditions matérielles, sociales et institutionnelles permettant aux citoyennes et aux citoyens de réfléchir de manière critique aux possibilités d’action et de co-construire l’agir collectif qui leur correspond le mieux dans une perspective transformatrice de justice sociale et environnementale.

Stratégie pédagogique | Une stratégie pédagogique met en œuvre une approche globale en proposant un plan d’organisation de la situation pédagogique. Par exemple, atelier de découverte, étude de cas, jeu de rôle, concours, exposition, etc. (Référence: Article «Stratégie pédagogique». Dictionnaire actuel de l’éducation. pp.1263-1267. 3e édition. Montréal: Guérin. Voir aussi: Sauvé, L., Villemagne, C. et Orellana, I., 2003.)

Remerciements

ENvironnement JEUnesse est partenaire associé du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’Université du Québec à Montréal depuis 2016. Notre vision de l’éducation relative à l’environnement et ces explications sont ainsi grandement inspirées des travaux des chercheuses et chercheurs du Centr’ERE que nous tenons à remercier.