Les journées sont plus longues à Saint-Louis

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De Carleton-Sur-Mer, nous prenons une route de terre sinueuse, nous nous enfonçons dans les montagnes jusqu’à Saint-Louis, et cheminons dix minutes en raquettes dans le bois pour nous rendre chez Maude et Gaspar. À l’aube, après une nuit passée dans Pie-IX, un chalet construit sur leur terrain, on se dirige vers leur maison érigée entre les arbres. Des panneaux solaires scintillent sous la lumière montante. À notre arrivée, une banique aux bleuets nous attend sur le poêle: une offre alléchante pour bien entamer la discussion.

Première constatation: ce ne sont pas les projets qui manquent sur ce bout de terre enneigé. Maude, établie ici depuis une dizaine d’années, a participé à bâtir le Germoir, une coopérative de solidarité paysanne. Un peu plus bas on découvre le Centre d’écologie solidaire appliquée (CESA), un espace autogéré d’expérimentation de prise de décisions collectives qui voit chaque été se présenter de nouveaux visages et dont la mission évolue avec ses membres: un potager en permaculture ou encore divers projets de construction écologiques. On comprend que les expériences vécues dans ce coin de forêt sont fondamentalement politiques: elles concernent l’apprentissage du vivre ensemble.

Gaspar rejoint Maude et ses mille-et-un projets en 2016. Passer d’un bac en science politique à l’UQAM à un DEP en charpenterie pour arriver à Saint-Louis, c’en est une sacrée de transition, ça. C’est le besoin de bâtir un projet collectif qui l’a poussé à quitter la ville. Ensemble, Maude et Gaspar construisent leur maison en 2017, suivant les règles de l’art de la construction écologique.

Seconde constatation: les journées doivent durer plus que vingt-quatre heures à Saint-Louis. Pendant que Gaspar siège sur le conseil de coordination de l’Union paysanne, Maude est déléguée à la transition au Réseau québécois des groupes écologistes, joue un rôle clé au sein du Front commun pour la transition énergétique et prononce des conférences sur les perspectives écoféministes.

«Je veux me battre contre les injustices et construire demain, développer la transition écologique et la résilience, en même temps.» –Maude

Tous ces projets auxquels Maude et Gaspar prennent part sont chapeautés par le principe de résilience, qui désigne cette capacité de rebond et d’adaptation que nous devons mobiliser pour faire face aux multiples crises, au premier rang desquelles la crise climatique. Et cette résilience, il et elle ne l’envisagent que collectivement. Ainsi, on parle de revoir le modèle de propriété et de communauté pour en construire de nouveaux, qui seraient accompagnés de nouvelles formes d’agriculture et d’autosuffisance. Bref, ce qui germe chez Maude et Gaspar, c’est une révolution. Tranquillement. C’est la naissance d’une communauté, autrement.

Photos par Léa Ilardo 

Ce texte et ces photos font partie intégrante de l’exposition «Dans notre face: les transitions», projet collectif réalisé dans le cadre du programme Jeunes leaders pour l’environnement. Cette exposition comprend une série de portraits d’individus, de familles et de leur environnement qui témoignent, à leur manière, que différentes transitions – sociale, culturelle, écologique et politique – sont possibles, et bien vivantes.

Les portraits seront partagés graduellement sur plusieurs plateformes:

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