Mes actions changent-elles quelque chose?

Un comité environnemental mobilisé: c’est possible!
19 janvier 2021
Un bilan de GES complété pour le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu
20 janvier 2021
Un comité environnemental mobilisé: c’est possible!
19 janvier 2021
Un bilan de GES complété pour le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu
20 janvier 2021

Vous êtes-vous déjà demandé si vos actions en valent la peine? Si elles allaient bel et bien changer quelque chose? Ces questions sont tout à fait légitimes et peuvent teinter nos actions et notre engagement dans une cause. Cela fait référence à la perception d’efficacité de nos actions. Il apparaît aussi que l’intention derrière une action a beaucoup à jouer avec notre engagement à entreprendre cette action ou à s’investir dans une cause.

L’efficacité militante, collective et individuelle

Lorsque nous choisissons de faire partie d’un groupe qui revendique une cause, nous jugeons que ce groupe a les capacités de réaliser des actions collectives significatives dans la défense de cette cause. C’est ce qu’on appelle l’efficacité collective (Bandura, 1977). Plus la perception d’efficacité du groupe est grande, plus il y aura de personnes motivées à agir pour la cause et se joindre au groupe (Bandura, 1977).

Outre l’efficacité du groupe, la perception d’efficacité individuelle, nommée l’auto-efficacité, teinte aussi l’engagement d’une personne. Celle-ci désigne notre perception personnelle en nos capacités de réaliser une action. Selon Bandura (1999), cette perception est une source de motivation essentielle dans la réalisation d’actions et d’objectifs concrets qui demandent persistance et efforts.

Aussi, plus des personnes se jugent capables d’affronter des difficultés liées à ces actions, moins elles seront portées à avoir des comportements anxieux ou dépressifs (Bandura, 1999). Bien que la perception d’efficacité soit essentielle à la réalisation d’une action, il semble aussi que l’intention d’agir soit tout autant déterminante de l’action (Ajzen, 1991).

L’intention d’agir, garante de l’action

Selon les recherches de Ajzen (1991), l’intention est la variable la plus proche de l’action: plus l’intention d’agir est grande, plus il est probable que l’action soit effectuée. Ces concepts font partie de la théorie du comportement planifiée (Ajzen, 1991). Selon cette théorie, l’intention d’agir est influencée par trois principaux déterminants soit…

  • L’attitude: la perception favorable ou défavorable de la personne sur le comportement à réaliser.
  • Les normes subjectives: la pression sociale à la réalisation d’une action spécifique (Ajzen, 1991).
  • La perception de contrôle: la difficulté ou la facilité perçue par une personne à réaliser un comportement. Souvent en lien avec la confiance qu’a une personne dans sa capacité à réaliser un comportement.

En somme, plus l’attitude et les normes subjectives sont favorables à la réalisation d’un comportement et plus la perception de contrôle d’une personne est grande, plus l’intention sera forte à réaliser ce comportement.

À l’opposé, lorsque la perception de contrôle d’une personne est absente, cela peut mener à l’absence de motivation (amotivation) à la réalisation de cette dite action. Cette amotivation peut à son tour générer une résignation apprise (Gifford, 2011; Pelletier, Dion, Tuson et Green‐Demers, 1999), soit un sentiment d’impuissance face à quelque chose (Hiroto, 1974).

Il est courant que les personnes engagées pour la cause environnementale, face à une perpétuelle exposition à des situations d’impuissance, développent cette résignation apprise (Hiroto, 1974). L’écoanxiété peut découler de cette résignation apprise lorsque des personnes ne perçoivent pas d’actions significatives dans la lutte aux changements climatiques et se sentent ainsi impuissantes (Clayton, Maning, Krygsman et Speiser, 2017). Ce phénomène d’impuissance peut alors mener à une diminution de l’engagement environnemental chez ces personnes (Landry et al., 2018).

Opter pour les solutions et le positif

Toutes ces théories comportementales révèlent l’importance d’assurer le développement de la perception d’efficacité individuelle et collective en matière d’environnement pour favoriser l’engagement environnemental. Le chantier de l’éducation est une belle voie d’intégration de ces notions. En renforçant les connaissances et apprentissages sur les options et solutions environnementales plutôt que sur les problématiques, une personne pourrait se sentir plus apte à agir en la matière.

En ce sens, la Stratégie québécoise d’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté insiste notamment sur la nécessité d’implanter dans les curriculums scolaires une intégration adéquate de l’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté qui est bénéfique pour accroître ces perceptions d’efficacité (Centr’ERE, 2018).

Outiller pour mieux agir

La mission même d’ENvironnement JEUnesse est d’outiller les jeunes afin de les inciter à agir dans leur milieu et donc de renforcer les perceptions d’efficacité collective et individuelle chez les jeunes. Pour se faire, plusieurs idées d’actions concrètes pour faire une différence dans la lutte aux changements climatiques sont disponibles sur leur site web. Par exemple, ils proposent de lancer des pétitions ou d’écrire aux personnes élues dans son quartier. ENvironnement JEUnesse offre aussi le guide «Bye bye plastique» qui donnent des pistes d’action pour éliminer le plastique à usage unique dans son école.

À propos de l’autrice

Catherine est une amoureuse de la nature depuis sa tendre enfance. Par un désir de protéger ce qu’elle aime, elle a réalisé un baccalauréat en biologie. Il s’en est suivi une maîtrise en gestion de l’environnement. Elle poursuit actuellement un programme court en éducation relative à l’environnement croyant que l’éducation est au cœur des solutions pour assurer une meilleure protection et appréciation du monde naturel. Elle croit fortement aux rôles citoyens pour s’approprier et améliorer nos milieux de vie. Selon elle, nous sommes au front de cette essentielle transition écologique. Catherine est à la recherche de nouveaux défis en environnement qui lui permettront de concilier ses passions ainsi que ses multiples compétences.

LinkedIn

À propos de la minisérie

Dans le cadre de son essai de maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke, Catherine a tenté de mieux comprendre les motifs qui sous-tendent la mobilisation des jeunes face à la crise climatique et cerner le rôle clé de l’ERE dans cet engagement politique. Ainsi, ce cinquième article fait partie d’une minisérie de cinq articles visant à présenter les faits saillants de sa revue de littérature, dont les déterminants de l’engagement environnemental. Dans les précédents articles, elle présente d‘autres exemples concrets d’ERE inspirés des activités d’ENvironnement JEUnesse, telles que son colloque annuel ou le programme Jeunes leaders pour l’environnement.

Pour tous les articles de la série

Pour aller plus loin

Consulter l’essai (version intégrale)

Références

Ajzen, I. (1991). The theory of planned behavior. Organizational behavior and human decision processes50(2), 179-211.
Bandura, A. (1977). Self-efficacy: toward a unifying theory of behavioral change. Psychological review, 84(2), 191.
Bandura, A. (1999). Social cognitive theory: An agentic perspective. Asian journal of social psychology2(1), 21-41.
Centr’ERE. (2018). Stratégie québécoise d’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté. Les éditions du Centr’ERE. Université du Québec à Montréal.
Clayton, S., Manning, C., Krygsman, K., et Speiser, M. (2017). Mental health and our changing climate: impacts, implications, and guidance. Repéré à https://www.apa.org/images/mental-health-climate_tcm7-215704.pdf
Gifford, R. (2011). The dragons of inaction: Psychological barriers that limit climate change mitigation and adaptation. American psychologist66(4), 290.
Hiroto, D. S. (1974). Locus of control and learned helplessness. Journal of experimental psychology, 102(2), 187.
Landry, N., Gifford, R., Milfont, T. L., Weeks, A., et Arnocky, S. (2018). Learned helplessness moderates the relationship between environmental concern and behavior. Journal of Environmental Psychology55, 18-22.
Pelletier, L. G., Dion, S., Tuson, K., et Green‐Demers, I. (1999). Why Do People Fail to Adopt Environmental Protective Behaviors? Toward a Taxonomy of Environmental Amotivation 1. Journal of Applied Social Psychology29(12), 2481-2504.