Mon essai en éducation relative à l’environnement

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Une minisérie sur l’éducation relative à l’environnement

Dans le cadre de sa maîtrise en environnement à l’Université de Sherbrooke, Catherine Ayotte a tenté de mieux comprendre les motifs qui sous-tendent la mobilisation des jeunes face à la crise climatique et cerner le rôle clé de l’éducation relative à l’environnement (ERE) dans cet engagement politique. Ainsi, ce premier article fait partie d’une minisérie de cinq articles visant à présenter les faits saillants de sa revue de littérature, dont les déterminants de l’engagement environnemental. Dans les prochains articles, elle présentera des exemples concrets d’ERE inspirés des activités d’ENvironnement JEUnesse, telles que son colloque annuel ou le programme Jeunes leaders pour l’environnement.

Pour tous les articles de la série

L’implication environnementale, ça passe par quoi?

L’année 2019 fut chargée en revendication climatique avec l’appel de Greta Thunberg à faire la grève tous les vendredis. Le mouvement mondial Friday For Future a eu des échos au Québec avec la création de collectifs tels que Pour le Futur Montréal au secondaire, le Devoir Environnemental Collectif (DEC) au collégial, La Planète s’invite à l’Université au niveau universitaire, puis la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) lancée en février 2020.

Les revendications climatiques de ces groupes sont notamment fondées sur les discours de justice climatique et d’équité intergénérationnelle qui se retrouvent défendus devant les tribunaux. Au Canada, des jeunes d’ENvironnement JEUnesse (ENJEU) se mobilisent dans la toute première poursuite climatique intentée contre le gouvernement fédéral au nom des jeunes et des générations futures.

Mais quels sont les moteurs de cet engagement politique chez les jeunes? Y a-t-il des facteurs psychosociaux qui peuvent expliquer ce dévouement et cette implication en environnement? L’ERE a-t-elle un rôle à jouer dans cet engagement? Les organismes en ERE à l’extérieur du cadre académique peuvent-ils contribuer à cet effort?

L’éducation relative à l’environnement est essentielle à l’éducation

S’il existe de multiples courants de pensée en ERE,  l’essai de Catherine Ayotte s’est basé sur les écrits de Lucie Sauvé, pionnière dans le domaine de l’ERE au Québec et professeure au département de didactique ainsi que directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Pour la professeure Sauvé, l’ERE est une dimension essentielle de l’éducation. En effet, l’environnement n’est pas perçu comme une thématique éducative, mais bien comme une réalité quotidienne. L’environnement peut donc s’intégrer aux différentes disciplines d’enseignement selon trois cadres d’apprentissage: formel, non formel et informel.

  • Milieu formel: système éducatif (écoles, cégeps, universités, etc.);
  • Milieu non formel: apprentissages au sein d’organismes ou d’organisations, comme ENvironnement JEUnesse;
  • Milieu informel: apprentissages par des activités personnelles telles que la lecture ou les discussions avec les autres (famille, camarade, collègue).

Vers l’émancipation écocitoyenne

Le développement individuel et social passe d’abord par la construction de notre propre identité, puis par notre relation avec autrui et, enfin, par le rapport à notre environnement, notre milieu de vie (Sauvé et al., 2001). L’ERE concerne spécifiquement cette troisième sphère où l’environnement met en lien les autres sphères et permet donc d’assurer le développement individuel et social.

L’ERE permet d’acquérir un ensemble de savoirs tant individuels que collectifs qui contribuent au développement de l’engagement et des compétences à l’action collective cruciales à l’émancipation écocitoyenne. L’écocitoyenneté consiste en une implication collective en matière d’environnement qui s’inscrit dans une démarche éthique et politique. Cela dépasse donc la réalisation d’écogestes comme le recyclage ou le compostage.

Selon Sauvé (2015), trois types de compétences sont importantes:

  • La compétence critique implique de poser un regard critique sur nos sociétés, par exemple, réfléchir, se poser des questions, douter, comparer et mettre en relation sont tous des savoir-faire de cette compétence;
  • La compétence éthique s’attarde plus spécifiquement au développement des valeurs dites environnementales qui influenceront ultimement la prise de décisions. La pratique des deux premières compétences s’exerce dans le politique soit la «chose publique»;
  • La compétence politique est en lien avec le développement de différents savoirs, savoir-faire et savoir-être, afin d’agir dans la sphère publique.

Cette dernière compétence implique aussi des aptitudes à débattre ou à argumenter qui contribuent à la capacité d’agir d’une personne. Le développement de la critique sociale ainsi que de son propre engagement personnel et collectif permet de critiquer le contexte social actuel et proposer des innovations écosociales. Cette compétence joue donc un rôle crucial dans le militantisme environnemental.

Il semble donc clair que l’ERE permet notamment d’offrir les outils essentiels aux développements de compétences inhérentes à l’implication collective. Malheureusement, le développement de ces trois compétences dans le cadre formel de l’éducation est ardu, voire impossible, alors que le personnel enseignant a peu de ressources et de soutien. Ainsi, la charge colossale que porte la personne enseignante semble être un frein au développement de l’ERE et plus particulièrement de l’éducation au politique.

Afin d’assurer une meilleure intégration de l’ERE au Québec, le Centr’ERE a proposé en décembre 2018 la Stratégie québécoise d’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté. Celle-ci compte une multitude de propositions pour une meilleure intégration de l’ERE au Québec.

À propos de l’autrice

Catherine est une amoureuse de la nature depuis sa tendre enfance. Par un désir de protéger ce qu’elle aime, elle a réalisé un baccalauréat en biologie. Il s’en est suivi une maîtrise en gestion de l’environnement. Elle poursuit actuellement un programme court en éducation relative à l’environnement croyant que l’éducation est au cœur des solutions pour assurer une meilleure protection et appréciation du monde naturel. Elle croit fortement aux rôles citoyens pour s’approprier et améliorer nos milieux de vie. Selon elle, nous sommes au front de cette essentielle transition écologique. Catherine est à la recherche de nouveaux défis en environnement qui lui permettront de concilier ses passions ainsi que ses multiples compétences.

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Pour aller plus loin

Consulter l’essai (version intégrale)

Références

Sauvé, L., Orellana, I., et Qualman, S. D. S. (2001). L’éducation relative à l’environnement. Une dynamique constructive entre l’école et la communauté.
Sauvé, L. (2015). L’éducation relative à l’environnement. Dans Bourg, D. et Papaux, A., Dictionnaire de la pensée écologiste. Paris: Presses Universitaires de France, p. 376-379.