Devenir autonome, un café à la fois

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4 mars 2020
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À la sortie de la mairie, on discute avec un pêcheur sur glace. On dîne à l’auberge et on se met en route, en direction de Rimouski. De retour au Centre communautaire de Douglastown, on rencontre Nastassia, café à la main. Tout en lui parlant du projet que nous menons, on réalise que Nastassia est cette «brillante personne, et féministe et écologiste et beaucoup plus» que Maude de Saint-Louis nous avait décrite quelques jours plus tôt. Sans hésiter, on lui demande si elle est d’accord pour qu’on lui fasse son portrait avant de poursuivre notre route.

À peine sa rencontre avec la Table de concertation des groupes de femmes de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine terminée, Nastassia nous rejoint une table plus loin. Nous sommes au Dougtown Café, café auquel elle a participé à mettre sur pied l’été dernier. Derrière ce lieu hautement chaleureux se cache une notion floue, pourtant mise en pratique ici même: la résilience.

Résilience: Capacité des systèmes sociaux, économiques et environnementaux à faire face à un événement, une tendance ou une perturbation dangereuse, en répondant ou en se réorganisant de manière à maintenir la capacité d’adaptation, d’apprentissage, et de transformation (GIEC).

Comment un lieu comme celui-ci peut-il nous rendre résilient·e·s? En offrant un espace de vivre-ensemble, de chaleur humaine, une zone de partage, mais aussi de mise en commun des savoirs. «Beaucoup de monde pêche par ici, mais peu sait comment procéder pour la transformation. En organisant des ateliers et des conférences, ça participe à développer notre autonomie», raconte Nastassia. Développer l’autonomie, et donc la résilience, tout en faisant un gros pied de nez au système économique dominant, basé sur un individualisme atomisé. «Ce qui est beau, c’est qu’on n’a pas besoin de mentionner que notre but est de lutter contre les changements climatiques, car les gens viennent simplement parce que ça leur plaît; mais indirectement, ça y contribue», souligne la professeure de science politique au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Car ce sur quoi nous pourrons compter lorsque viendra le temps d’affronter des problèmes d’envergure, c’est sur la solidarité d’une communauté aux liens tissés serrés.

Si Nastassia effectue ce travail à l’échelle de sa communauté, elle lutte aussi depuis plusieurs années contre le grand mal qui ronge la région gaspésienne en son entier: l’extractivisme. Impliquée au sein de Tache d’huile, un organisme qui s’oppose aux hydrocarbures en Gaspésie, elle nous raconte sa première participation à une consultation du BAPE, ou encore l’énergie déployée pour intégrer les enjeux féministes à la lutte environnementale. «Ce dont on a besoin, c’est d’une résilience préparatoire, car, au-delà des changements climatiques, il s’agit d’une urgence sociale et culturelle. Ici, les impacts sont quotidiens: la maison abandonnée en bas à cause de l’érosion, elle était habitée il y a encore 3-4 ans.»

Nastassia, arrives-tu encore à rêver ?

En réalité, c’est son fils de 16 mois qui la motive à continuer, à garder la tête haute, des étoiles plein les yeux en répétant sans jamais abandonner: «Je suis convaincue qu’une vie basée sur des rapports humains plus riches nous permettra de mieux vivre».

Photos par Léa Ilardo 

Ce texte et ces photos font partie intégrante de l’exposition «Dans notre face: les transitions», projet collectif réalisé dans le cadre du programme Jeunes leaders pour l’environnement. Cette exposition comprend une série de portraits d’individus, de familles et de leur environnement qui témoignent, à leur manière, que différentes transitions – sociale, culturelle, écologique et politique – sont possibles, et bien vivantes.

Les portraits seront partagés graduellement sur plusieurs plateformes:

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