Le covoiturage, plus que bureau-dodo

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En 2022, on observe une importante augmentation du coût de la vie et du coût de l’essence. À plus long terme, d’autres menaces se font sentir: les changements climatiques et le vieillissement de la population. Si les solutions à ces enjeux sont souvent hors de notre contrôle individuel, nous devons tout de même tenter d’affronter ces problèmes avec courage, ambition et volonté.

À court terme, le covoiturage est une alternative intéressante pour réduire les coûts de l’essence et la pollution. Même s’il ne nous fait pas rajeunir (!), le covoiturage peut être un outil pour favoriser une mobilité durable et même une socialisation interculturelle. En effet, on peut échanger et rouler avec des personnes d’horizons variés.

Dans ce texte, je souhaite partager mon expérience personnelle, ce qu’est le covoiturage, ses avantages et ses inconvénients. Je conclus par une réflexion sur l’utilité sociale du modèle de covoiturage et des astuces pour commencer à covoiturer.

Le covoiturage, en quoi ça peut m’être utile?

Posséder une voiture est une dépense qui est simplement trop grande pour de plus en plus de personnes, en particulier les jeunes. Pour les jeunes qui ont une voiture, les frais d’entretien, que ce soit les réparations ou le prix de l’essence, peuvent rapidement devenir alourdissants dans un budget étudiant. Dans une ville comme Montréal, les options de transports actifs et collectifs sont relativement accessibles. Par contre, dans les régions urbaines et rurales, les possibilités de transports collectifs deviennent rapidement moins intéressantes: les coûts sont plus élevés, les horaires moins fréquents, etc.

Une solution qui s’est développée depuis maintenant plusieurs années est de partager une voiture pour des déplacements routiniers, comme ceux vers l’école ou le bureau. Seulement, le covoiturage s’applique plus à des personnes ayant un horaire stable, comme des personnes employées. Toutefois, il existe une autre possibilité pour les personnes étudiantes ayant besoin de flexibilité: depuis quelques années, des pages Facebook et des compagnies privées comme AmigoExpress offrent des plateformes pour faciliter le covoiturage de longue distance.

Le covoiturage, à quoi ça sert?

Considérons ma situation particulière: je devais étudier à Ottawa, mais ma famille et mes amies et amis habitaient à Montréal. Force est de constater que mes transports réguliers entre Ottawa et Montréal allaient devenir rapidement complexes. Comme j’excluais la voiture, j’allais devoir utiliser le train, qui est un moyen dispendieux, ou l’autobus, qui est simplement inaccessible la majorité du temps (station trop éloignée, horaire peu flexible).

Dans mon cas, une solution intéressante s’est présentée: le covoiturage. Grâce aux plateformes en ligne, je pouvais prendre rendez-vous avec une personne à côté de chez moi, au restaurant du coin ou à l’Université d’Ottawa, puis je pouvais me faire déposer près d’un autre restaurant à Montréal ou à l’Université de Montréal. Souvent, des voyages étaient disponibles à toutes les heures du jour et tous les jours de la semaine. De plus, les prix tournaient autour de 15$ par trajet: une aubaine comparativement au train ou à l’autobus!

Bref, pour les personnes passagères, faire du covoiturage sert à réduire l’impact environnemental de nos longs transports en voiture et à réduire nos dépenses en matière de transports. On encourage aussi les propriétaires de voiture à continuer de covoiturer. En effet, le véritable impact est du côté des propriétaires: si l’on réduit le nombre de propriétaires de voiture qui conduisent en solo, on réduit notre dépendance à la voiture et à la conduite solo à long terme.

Le covoiturage en chiffres

BlaBlaCar, une compagnie française, a mesuré l’effet de l’utilisation de sa plateforme de covoiturage pendant un an chez ses membres: 1,6 million de tonnes de CO2 ont été évitées (Butt d’Espous et coll., 2019). L’équipe de recherche a aussi mesuré le nombre de personnes dans chaque voiture; en moyenne, on compte 3,9 personnes par voiture pour les personnes utilisatrices de BlaBlaCar, au lieu de 1,9 personne par voiture chez le reste de la population sondée (Butt d’Espous et coll., 2019). Même le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) atteste que les programmes de covoiturage peuvent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre lorsqu’ils remplacent l’auto-solo (GIEC, 2022).

Une expérience de covoiturage international

Une personne de mon entourage est partie en échange étudiant en France pendant 4 mois. Durant cette période, elle a économisé environ 400€ en transport en utilisant le covoiturage. Elle partait d’un centre urbain et faisait du covoiturage vers un autre centre urbain pour le visiter.

Comme elle me l’a expliqué, presque toutes les expériences de covoiturage ont été utiles pour savoir quoi faire dans la ville et surtout, pour éviter les faux pas! Le covoiturage lui a permis de faire plusieurs rencontres interculturelles. Avec ce mode de transport, elle a ainsi visité une partie de l’Europe de l’Ouest, en économisant de l’argent et en limitant son impact négatif sur l’environnement.

Si c’est parfait, pourquoi n’est-ce pas plus répandu?

Le covoiturage ne va pas guérir notre société des maux comme la dépendance à l’automobile ou les difficultés en matière de mobilité durable; il faut des actions collectives pour s’y attaquer véritablement.

Si le covoiturage ne va pas réparer des dizaines d’années de sous-financement en matière de mobilité durable ou changer notre relation psychosociale avec la voiture, il demeure une action individuelle pertinente. Chaque personne détient le pouvoir de faire des changements pour transformer sa relation avec la voiture à essence ou électrique.

OK, mais je fais quoi, là?

Premièrement, il faut réfléchir à un moment dans ta vie dans lequel tu as eu besoin d’user du covoiturage: est-ce que tu vas régulièrement dans d’autres centres urbains? Est-ce que tu te déplaces souvent? Est-ce que tu as envie d’avoir des conversations fascinantes? Est-ce que tu veux d’économiser de l’argent? Est-ce que tu cherches à réduire ton impact sur l’environnement?

Si tu commences à te dire que oui, dirige-toi vers des applications de covoiturage comme AmigoExpress ou des pages Facebook de ta région (la page Sherbrooke–Montréal est très active!) ou discute avec des gens dans ta communauté. C’est surprenant d’apprendre à quel point les personnes étudiantes qui se rendent à leurs cours d’université en voiture sont nombreuses. Finalement, si jamais tu pars en voyage et que tu hésites à louer une voiture, regarde avant tout des applications comme BlaBlaCar!

Références

Butt d’Espous, V., Wagner, L, & Le BIPE. (2019). Zero Empty Seats pour BlaBlaCar. Blablacar.

Ferrero, F., Perboli, G., Rosano, M., & Vesco, A. (2018). Car-sharing services: An annotated review. Sustainable Cities and Society, 37, 501-518.

Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC). (2022). Summary for Policymakers. Dans: Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [P.R. Shukla, J. Skea, R. Slade, A. Al Khourdajie, R. van Diemen, D. McCollum, M. Pathak, S. Some, P. Vyas, R. Fradera, M. Belkacemi, A. Hasija, G. Lisboa, S. Luz, J. Malley, (éd.)]. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York, NY, États-Unis. doi: 10.1017/9781009157926.001

Articles pour aller plus loin

Ferraris, F. (2018). Covoiturage: aller au-delà des plateformes numériques. Le Devoir.

Bédard, D. (2021). Lutter contre l’«auto-dépendance». Le Devoir.

À propos de cet article

Cet article a été rédigé par Ana Maria Pineda Morales dans le cadre du cours COM2018 – Éléments de relations publiques offert par l’Université de Montréal à l’hiver 2022. Il a été révisé par l’équipe d’ENvironnement JEUnesse.

Crédit photo: Pensez Covoiturage! | bobbsled | Flickr.