Le Verger de l’Évolution
5 mars 2020Une forêt nourricière au CPE La Relève Vaudreuil-Soulanges
9 mars 2020Le Verger de l’Évolution
5 mars 2020Une forêt nourricière au CPE La Relève Vaudreuil-Soulanges
9 mars 2020Tôt dans la matinée, nous nous sommes dirigées à la boulangerie de la Seigneurie des Aulnaies, un vestige d’une autre époque où la transition se définit par un retour aux sources. Dès notre arrivée, nous retrouvons Charles, le boulanger, au sous-sol, où il s’affaire à concevoir des viennoiseries feuilletées. D’une première impression, ceci peut sembler ordinaire. Cependant, c’est une réelle transition qui s’opère devant nos yeux: celle de revaloriser les produits locaux, biologiques et sains.
À la Seigneurie, les règles de l’art du pain sont suivies à la lettre. Tous les détails de ce processus intemporel ont été peaufinés avec intention. Le blé est cultivé de façon artisanale et biologique, puis est moulu traditionnellement par la pierre. Le moulin, avoisinant la boulangerie et érigé tel un monument d’un temps plus simple, continue de fonctionner allègrement. Le meunier, Réjean, poursuit le partage de son savoir-faire autodidacte qu’il peaufine depuis plus de trente ans.
Rendre les lettres de noblesse au métier de boulanger, c’est la vocation que Charles s’est donnée en réinvestissant ce lieu pour y établir la boulangerie Du pain…c’est tout!. Une boulangerie humaine où les artisan·e·s refusent de devenir esclaves des grandes industries agroalimentaires et refusent de faire du pain en monoculture. Pain aux grains, viennoiseries, biscuits à la mélasse, mais aussi jambons apprêtés à la Seigneurie, beurre de la Fromagerie Port-Joli, œufs fermiers, et lait Ora… c’est ici que le métier d’artisan reprend tout son sens: celui de créer avec des ressources du terroir.
«Je veux être assez riche pour vivre pauvrement.» –Charles
Puis, Charles nous dit, derechef, qu’il veut favoriser une éducation populaire pour que les Québécois·e·s se réapproprient une alimentation saine, du terroir. Il souhaite développer notre résilience face aux changements en offrant des produits cultivés ici, mais qui ont été oubliés: des petits fruits, du beurre, des œufs, voire même une huile végétale de la région. Charles explique que donner sa valeur à l’artisan qui prend soin d’offrir de la qualité, qui met de l’intention derrière tous les choix alimentaires auxquels il doit faire face, c’est un genre de militantisme. Selon lui, manger c’est voter, et de cette façon beaucoup plus puissante, il nous invite à voter tous les jours.
Photos par Léa Ilardo
Ce texte et ces photos font partie intégrante de l’exposition «Dans notre face: les transitions», projet collectif réalisé dans le cadre du programme Jeunes leaders pour l’environnement. Cette exposition comprend une série de portraits d’individus, de familles et de leur environnement qui témoignent, à leur manière, que différentes transitions – sociale, culturelle, écologique et politique – sont possibles, et bien vivantes.
Les portraits seront partagés graduellement sur plusieurs plateformes: