Sondage: Les Québécois·es en faveur d’un effort accru pour financer l’électrification des transports

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Montréal, le 10 février 2020 – Au début de l’année, Équiterre, Vivre en ville, la Fondation David Suzuki et l’Association des véhicules électriques du Québec ont mandaté la firme de sondage Léger Marketing pour sonder la population québécoise sur le principe de redevance-remise pour les propriétaires de véhicules polluants. Les Québécois·es se sont clairement prononcé·e·s en faveur de différentes mesures d’écofiscalité qui visent à accélérer l’électrification des transports.

Par exemple, à l’énoncé «le gouvernement du Québec devrait encourager, par différentes mesures fiscales, l’utilisation de véhicules moins polluants », 78% des répondant·e·s se disent favorables contre 16% qui se disent défavorables. À la question «êtes-vous favorable à ce que le gouvernement du Québec décourage les véhicules polluants et nuisibles à la lutte contre les changements climatiques en instaurant une nouvelle taxe?», 55% des répondant·e·s se disent favorable contre 38% qui se disent défavorables.

Pour consulter le sondage

«Les résultats du sondage démontrent que les Québécois et les Québécoises sont prêt·e·s à faire les efforts nécessaires pour accélérer l’électrification des transports et lutter contre l’un des principal responsable de la hausse des gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports au Québec: les véhicules polluants» a souligné Jessie Pelchat, analyste des politiques publiques en transport chez Équiterre.

Constats inquiétants de l’État de l’énergie 2020

Le Québec est un leader en matière de mobilité électrique, et il s’agit d’une source de fierté. Malgré l’engouement des Québécois·es pour les véhicules électriques, toutefois, le secteur du transport routier fait marche arrière par rapport aux objectifs climatiques qu’il doit atteindre.

Trois constats inquiétants tirés de l’État de l’énergie 2020 démontrent la nécessité pour le gouvernement d’agir dès maintenant pour inverser la courbe en transport:

  1. Les ventes d’essence ont atteint un sommet sans précédent: Alors que la stratégie énergétique gouvernementale vise une diminution de la consommation de produits pétroliers de 40% en 2030 par rapport à 2013, nous avons plutôt observé une augmentation de la consommation d’essence de 24% de 2013 à 2018.
  2. Le parc de véhicule croît plus rapidement que la population: depuis 1990, on observe une augmentation de 65% du nombre de véhicules personnels, soit une hausse près de trois fois plus importante que la croissance démographique de la province (+19%).
  3. Les Québécois·es continuent massivement d’acheter des gros véhicules polluants: depuis 2015, les ventes de gros véhicules polluants ont surpassées les ventes de voiture plus écoénergétiques. Ceux-ci représentaient 41% du parc automobile et 64% de la part de vente de véhicules neufs en 2018, soit une augmentation de près de 263% depuis 1990!

«Les gains réalisés en efficacité énergétique des véhicules automobiles depuis une décennie ont été effacés par l’augmentation de la taille, du poids, et du nombre de grosses cylindrées sur nos routes. Cette tendance alimentée par l’industrie automobile contribue à l’endettement des ménages et rend impossible l’atteinte de nos objectifs de lutte aux changements climatique. Le gouvernement doit agir!» a déclaré Karel Mayrand, directeur général pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki.

Une mesure essentielle pour réussir l’électrification des transports

Les expert·e·s à travers le monde s’entendent: pour atteindre la cible de réduction de GES, nous devons non seulement inverser la tendance à l’accroissement perpétuel de la part des véhicules polluants dans le parc automobile mais aussi accélérer l’électrification des transports.

Pour se donner les moyens de maintenir le soutien financier à l’électrification des transports, le gouvernement du Québec doit mettre en place un fonds autofinancé par un système de redevance-remise. Le principe est simple: lors de l’achat (ou de l’immatriculation) d’un véhicule, inciter financièrement les Québécois·es à choisir un véhicule zéro-émission (VZE), et financer cette subvention en instaurant une contribution à l’électrification des transports (redevance) pour les propriétaires de véhicules énergivores et polluants. Il s’agirait donc bel et bien d’un fonds autofinancé sans impact négatif sur l’économie. L’ampleur de la contribution à l’électrification serait proportionnelle aux GES émis par les véhicules à essence.

La mise en place d’un tel système permettrait de générer assez de recettes pour financer les programmes d’incitatifs à l’achat de véhicules électriques et d’autres projets d’électrification des transports. De plus, elle permettrait de réduire le nombre de véhicules personnels et le nombre de véhicules polluants dans le parc automobile, une condition sine qua non pour atteindre les cibles de réduction de GES en transport.

«Un appui financier à l’achat des véhicules électriques continuera d’être nécessaire si le Québec veut atteindre des objectifs ambitieux d’électrification des transports et de réduction des émissions polluantes d’ici 2030. Il apparaît nécessaire et raisonnable que les propriétaires de véhicules polluants fassent leur part en payant une contribution à l’électrification. En liant cette redevance à la subvention à l’achat dans un d’un programme autofinancé, le Québec se dotera d’une mesure d’écofiscalité qui accélérerait la transition vers les véhicules à faibles émissions sans grever les finances publiques» a affirmé Christian Savard, directeur général chez Vivre en ville.

De plus, afin d’assurer une offre suffisante de VZE permettant de répondre à la demande croissante des consommateur·trice·s qui souhaitent faire le saut à l’électrique, le gouvernement doit revoir à la hausse les ambitions de la norme sur les VZE. Adoptée en 2018, cette norme exige aux constructeurs automobiles de mettre à la disposition des consommateur·trice·s québécois·es un plus grand nombre et un plus large éventail de VZE.

Le but de la norme VZE est de stimuler le marché automobile pour qu’il développe davantage de modèles. Or, les exigences de la norme ne sont pas suffisamment ambitieuses pour satisfaire la demande croissante pour ces véhicules. En effet, les estimations de ventes prévues par la norme ne tiennent pas compte de l’engouement grandissant des Québécois·es pour les VZE. De plus, le manque d’inventaire demeure un frein important à leur adoption. Nous demandons au gouvernement du Québec de revoir les paramètres de la norme actuelle afin d’atteindre 100% de vente de VZE d’ici 2030.

«Il nous apparaît critique de bonifier la norme VZE dont s’est dotée le gouvernement en 2018 afin d’atteindre ses objectifs de 100 000 véhicules électriques dès la fin de cette année, et de 300 000 d’ici 2026. Cette norme devait offrir aux consommateur·trice·s une disponibilité suffisante de véhicules chez les concessionnaires, mais on remarque maintenant que les constructeurs offrent le strict minimum sur le marché selon les barèmes peu exigeants de la présente loi. En 2020, il est inacceptable que des listes d’attente pour accéder à un VÉ existent encore chez les concessionnaires québécois, et nous devons absolument remettre les pendules à l’heure» a affirmé Simon-Pierre Rioux, président-fondateur de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ).

«Avoir des objectifs ambitieux ne suffit plus dans un contexte de crise climatique. Le Québec doit prendre des mesures audacieuses pour freiner la hausse inquiétante des gros véhicules polluants sur nos routes, et ce, dès maintenant», exige Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse. «Nous ne pouvons plus attendre. Chaque fois qu’une mesure climatique est repoussée à plus tard, c’est une partie de notre futur qui part en fumée.»

Si le gouvernement du Québec se saisit sérieusement de la crise climatique et souhaite atteindre ses cibles de réduction de GES, la mise en place de ces mesures qui entraîneront des changements de comportements est essentielle. La réussite du futur plan Électrification et changements climatiques (PECC) en dépend.

À propos d’ENvironnement JEUnesse – ENJEU

Créé en 1979, ENvironnement JEUnesse (ENJEU) est un organisme d’éducation relative à l’environnement qui vise à conscientiser les jeunes du Québec aux enjeux environnementaux, les outiller à travers ses projets éducatifs et les inciter à agir dans leur milieu. ENvironnement JEUnesse est un réseau qui valorise le développement de l’esprit critique et qui donne la parole aux jeunes engagé·e·s afin qu’il·elle·s fassent connaître leurs préoccupations, leurs positions et leurs solutions concernant les enjeux environnementaux actuels.

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Renseignements:

Catherine Gauthier, directrice générale, ENvironnement JEUnesse
cgauthier@enjeu.qc.ca | 514-377-3114

Philippe Jacques, Chargé de projet communication, Mobilité, Équiterre
pjacques@equiterre.org | 514 522-2000, poste 3296

Diego Creimer, affaires publiques et communications, Fondation David Suzuki
dcreimer@davidsuzuki.org | 514-999-6743

Samuel Pagé-Plouffe, conseiller – affaires publiques, Vivre en Ville
samuel.page-plouffe@vivreenville.org | 514-714-6762

Crédit image: Car vector créée par brgfx