Chaque hiver, dès les premières baisses de température, Montréal perd une partie de son dynamisme: les bornes de vélos BIXI sont retirées, beaucoup de structures temporaires sont démontées et les grands axes piétonnisés redeviennent de simples routes au trafic infernal. Avec l’arrivée des premières neiges, de nombreuses personnes abandonnent les modes de transport actifs comme la marche ou le vélo, que ce soit pour leurs déplacements quotidiens ou des voyages de longue distance.
Malgré le froid et la neige, quelques téméraires comme Guillaume Rivest se donnent le défi de parcourir de longues distances… sans voiture. Certes, se déplacer dans la neige est une rude épreuve, mais ce guide en plein air et journaliste de Radio-Canada a décidé d’embrasser la neige plutôt que de se battre contre elle. C’est donc en ski de fond que le sportif a parcouru le Québec, de Rouyn-Noranda à Montréal.
Dans différentes entrevues, Guillaume Rivest explique son initiative de traverser une partie du Québec en ski de fond par la recherche d’inattendu, par le goût de sortir de sa zone de confort ainsi que par l’envie de marquer dans son esprit les paysages québécois (Brassard et Desrochers, 2020; Limage, 2022; Stab, 2022). Baroudeur dans l’âme, il décide de partir seul et d’apporter toutes ses provisions afin d’être totalement autonome durant le mois du voyage.
Pour ce périple, il est suivi de près par ses collègues de la radio nationale, notamment dans l’émission Moteur de Recherche. Le 3 mars 2022, après avoir parcouru près de 500 kilomètres en direction sud depuis Rouyn-Noranda, il note la diversité de paysages observés ainsi que l’urbanisation du territoire à mesure qu’il s’approche de Montréal (Dugal, 2022). Skiant tantôt dans la forêt, tantôt sur le bord de l’autoroute, Guillaume Rivest insiste sur un point: la difficulté de se frayer des chemins en ski de fond. Bien que quelques pistes et centres de ski de fond existent dans la grande région de Montréal, il constate sans hésitation que le Québec manque d’infrastructures pour les personnes pratiquant le ski de fond. Le chroniqueur a même dû abandonner ses skis sur certains passages.
Guillaume Rivest explique cela par plusieurs éléments. Premièrement, les quelques axes qui relient certaines villes, comme le parc linéaire des Basses-Laurentides qui relie Saint-Jérôme et Montréal, sont en grande partie réservés aux motoneigistes. Cela pourrait paraître contradictoire lorsque l’on sait que l’axe Saint-Jérôme–Montréal est réservé aux personnes piétonnes et cyclistes une fois l’été venu. L’hiver, cet axe est exclusivement réservé aux moyens de transports motorisés, et les personnes fondeuses n’ont d’autre choix que de skier en dehors de la piste.
Deuxièmement, Guillaume Rivest déplore le manque d’infrastructures pour les déplacements hivernaux en plein air. Il critique l’aménagement du territoire québécois en rapport avec les conditions climatiques. Outre les travaux de construction qui ne peuvent pas toujours être faits en hiver, les infrastructures doivent être pensées pour résister saison après saison. Ces raisons représentent de réels défis pour les municipalités.
Ces constats permettent à Guillaume Rivest d’ouvrir une réflexion sur la relation entre les infrastructures et le climat nordique. Comment réfléchir le rapport entre la mobilité et l’hiver au Québec? Guillaume Rivest propose de regarder nos cousins en matière de climat, les pays nordiques européens, sous l’angle de la notion de nordicité.
La nordicité est une notion d’origine québécoise qui prend ses racines dans les travaux de Louis-Edmond Hamelin. Ce chercheur aborde l’hiver comme «une saison, mais aussi comme une émotion et un espace» (Hamelin, 1999). C’est donc une notion physique, mais aussi psychologique. Elle est la porte d’entrée vers une vision de l’hiver comme une saison agréable pleine d’occasions, et non comme une contrainte météorologique et climatique. Ce concept s’appuie sur l’observation des pays nordiques et leur approche en harmonie avec les saisons.
L’aspect de la nordicité qui nous intéresse ici est celui de la mobilité. Il ne s’agit plus d’essayer de combattre la neige, le gel et les températures négatives, mais bien de trouver des solutions pour mieux les vivre. Prenons comme exemple la Norvège. Le pays, connu pour son indice élevé de satisfaction de vie (Ortiz-Ospina et Roser, 2013) et son taux d’émissions de gaz à effet serre par personne plus bas que celui du Canada (Ritchie et coll., 2020), semble embrasser sa nordicité bien plus que le Québec. Comment expliquer que la mobilité durable soit conjugable avec nordicité en Norvège tandis que 35% des déplacements dans la région de Montréal se font encore en voiture, même sur de courtes distances (ARTM, 2018)?
La ville d’Oslo, capitale de la Norvège, est un très bon exemple pour cette réflexion. Connue comme une des capitales «vertes», elle ne cesse, depuis quelques années, de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre via diverses solutions (Sustainable Europe, 2019). Que ce soit grâce à un réseau de transports en commun grandissant ou à une proportion de voitures électriques de plus en plus importante, la ville d’Oslo ne ménage pas ses efforts pour devenir plus écoresponsable (Ville d’Oslo, n.d.). Les statistiques sont frappantes: deux voyages quotidiens osloïtes sur trois sont respectueux de l’environnement (Ville d’Oslo, 2018). La répartition est la suivante: 27% de la population marche, 34% utilisent les transports en commun et 6%, le vélo. La part restante, 27%, représente les déplacements en voiture (Ville d’Oslo, 2018).
En 2018, à Montréal, les déplacements en voiture représentent 8 points de pourcentage de plus qu’à Oslo (ARTM, 2018). La part des voyages effectués en transports en commun est, elle, bien maigre comparée à celle des Osloïtes: elle ne représente que 24% des déplacements. Comment expliquer que la mobilité norvégienne soit plus durable que la mobilité québécoise? C’est justement ce que des personnes chercheuses en nordicité ont essayé de faire.
Un moyen de transport très utilisé en Norvège est le ski de fond. Aux alentours d’Oslo, plus de 2600 kilomètres de pistes de ski de fond quadrillent le paysage (Visit Oslo, s.d.). Des cabanes sont même installées afin d’offrir des pauses conviviales aux personnes sportives. Les sentiers sont balisés et classés par niveau afin d’offrir autant de possibilités de divertissement que d’occasions pour les prouesses sportives. Ces infrastructures sont entretenues de manière régulière afin de ne pas perdre leur attractivité.
Si le ski de fond et les déplacements propulsés par vos jambes ne vous plaisent pas, les solutions proposées par la ville d’Oslo sont nombreuses et surtout électriques: primes à l’achat d’une voiture électrique, multiplication des stationnements de rechargement gratuits, taxis électriques, covoiturage urbain électrique (Ville d’Oslo, n.d.)…
Les initiatives de la ville d’Oslo que nous venons d’énumérer ouvrent une réflexion sur la possibilité de se déplacer de façon écoresponsable malgré la neige et le froid. Au Québec, le périple en skis de fond de Guillaume Rivest nous ouvre les yeux sur le manque d’infrastructures pour les transports actifs en hiver. Dans un contexte de lutte contre les changements climatiques, il est urgent que les centres urbains nordiques collaborent afin de trouver des solutions plus actives et durables que les déplacements automobiles.
Autorité régionale de transports métropolitains (ARTM). (2020). Enquête Origine-Destination 2018. Autorité régionale de transports métropolitains. https://www.artm.quebec/wp-content/uploads/2020/06/document-mobilite_EOD_2018.pdf
Brassard, D. et Desrochers, A. (animateurs). (2020, 21 février). Louis-Edmond Hameli, penseur de la nordicité (numéro 295). [épisode tiré d’un balado]. Dans Ça s’explique. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/6108/ca-sexplique-balado-info-alexis-de-lancer/455696/hamelin-nordicite-biographie-portrait-archive-voix
Dugal, M. (animateur). (2021, 3 mars). Les infrastructures permettant la mobilité durable. [extrait d’un balado]. Dans Moteur de recherche: Rattrapage du mercredi 2 mars: Ski de fond, mommy brain et empreinte carbone du sirop d’érable. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/moteur-de-recherche/segments/chronique/392761/velo-marche-ski-pays-scandinaves-exemple
Hamelin, L-E. (1999). «Espaces touristiques en pays froids.» Téoros 18 (2) 4-9.
Limage, V. (animatrice). (2022, 1 mars). L’expédition de Guillaume Rivest Abitibi-Montréal en ski de fond. [extrait d’un balado]. Dans Ça vaut le retour: Rattrapage du 1 mars. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/ca-vaut-le-retour/segments/entrevue/392607/aventure-600-kilometres-suivi
Ortiz-Ospina, E., et Roser, M. (2013). «Happiness and life satisfaction.» OurWorldInData.org. https://ourworldindata.org/happiness-and-life-satisfaction
Ritchie, H., Roser, M. et Rosado, P. (2020). «CO2 and greenhouse gas emissions.» OurWorldInData.org. https://ourworldindata.org/co2/country/norway
Roch, M-H, (2018). Regard sur la nordicité et les stratégies de villes d’hiver durables. VMR.ca. http://www.vrm.ca/regard-sur-la-nordicite-et-les-strategies-de-villes-dhiver-durables/
Stab, A. (2022, 17 mars). Guillaume Rivest: De l’Abitibi à Montréal à pied et en ski de fond. Espaces. https://www.espaces.ca/articles/actualites/15473-guillaume-rivest-de-labitibi-a-montreal-a-pied-et-en-ski-de-fond
Sustainable Europe (2019, 23 octobre). Oslo European green capital 2019. Sustainable Europe. https://www.sustaineurope.com/oslo-european-green-capital-2019-20191023.html
Ville d’Oslo. (s. d.). Climate statistics. Oslo Kommune. https://www.oslo.kommune.no/politics-and-administration/statistics/environment-status/climate-and-energy-statistics/
Ville d’Oslo. (2018). Travel agent distribution. Oslo Kommune. https://www.oslo.kommune.no/politics-and-administration/statistics/environment-status/travel-agent-distribution/
Visit Oslo. (s. d.). Cross-country skiing in Oslo. Visit Oslo. https://www.visitoslo.com/en/your-oslo/winter/cross-country-skiing/
Cet article a été rédigé par Léa Camicas dans le cadre du cours COM2018 – Éléments de relations publiques offert par l’Université de Montréal à l’hiver 2022. Il a été révisé par l’équipe d’ENvironnement JEUnesse.
Crédit photo: Léa Ilardo.
Caroline Hervochon (pronom: elle)
Coordonnatrice aux communications
caroline@enjeu.qc.ca | 514-252-3016
Détentrice d’une Maîtrise en Administration des Activités Culturelles, Caroline a travaillé plusieurs années au carrefour de la culture, des arts numériques, du social et de l’éducation en France et au Canada. Son parcours éclectique lui a permis de développer plusieurs cordes à son arc et de mettre sa créativité au service de projets innovants et porteurs de sens.
Sensible aux enjeux sociétaux, Caroline a travaillé auprès de publics variés et a participé, entre autres, au développement de projets scolaires, de formation ou encore d’insertion sociale. Dans les actions qu’elle met en place, elle s’attache à développer une approche ludique et pédagogique au cœur de sa communication, pour transmettre, vulgariser et sensibiliser.
Engagée et ouverte sur le monde, Caroline a à cœur de créer des liens, faire bouger les consciences et contribuer à une société plus écocitoyenne. En janvier 2022, elle rejoint l’équipe d’ENvironnement JEUnesse à titre de Coordonnatrice aux communications, avec la forte envie de porter la voix de l’engagement citoyen et de susciter l’action collective.
Juliette Zimmer (pronom: elle)
Chargée de projet en environnement
juliette@enjeu.qc.ca | 514-252-3016
Diplômée du baccalauréat en études de l’environnement de l’Université de Sherbrooke, Juliette a travaillé comme chargée de projet en transition socio-écologique, comme consultante en développement durable et comme stagiaire de recherche en environnement. Ces expériences lui ont permis d’apprendre à mieux connaître le grand réseau de groupes engagés pour la transition socio-écologique au Québec.
Elle est particulièrement intéressée par la protection de la nature et de la biodiversité et par la rencontre entre les enjeux de justice sociale et de défense de l’environnement. Ce qui la motive le plus dans ce domaine, c’est la façon dont les mesures visant à répondre à la crise climatique peuvent aussi contribuer à créer une société plus heureuse et plus égalitaire.
Juliette a rejoint l’équipe d’ENvironnement JEUnesse en 2023 à titre de chargée de projet en environnement.
Stéphanie Pellerin (pronom: elle)
Coordonnatrice aux programmes
stephanie@enjeu.qc.ca | 514-252-3016 #226
C’est un peu par hasard que Stéphanie est tombée dans le domaine de l’ERE après sa maîtrise en Sciences de l’environnement à l’UQAM. Adorant partager et échanger autour des expériences et connaissances de toutes et tous, il s’agissait du domaine tout indiqué! Elle a donc choisi d’oeuvrer au sein d’organismes communautaires en environnement pour y faire de la sensibilisation et accompagner les initiatives citoyennes. Passionnée de nature urbaine, Stéphanie désire contribuer à créer des villes où humains et nature ont leur place.
Chez ENvironnement JEUnesse, Stéphanie agit à titre de Coordonnatrice aux programmes pour accompagner les établissements membres dans leurs démarches environnementales.
Kathya Bérubé-Panneton (pronom: elle)
Agente de soutien aux programmes
kathya@enjeu.qc.ca | 514-252-3016
Amoureuse de la nature et de l’environnement, Kathya a fait ses études en Actions pour le changement en innovation sociale (programme anciennement connu sous le nom Actions sociales et médias) au Cégep du Vieux Montréal. Elle continue présentement ses études en Médias sociaux et organisation à l’UQAM.
Durant ses études collégiales, elle s’est impliquée dans le comité vert de son cégep, dans le Forum Social Mondial, ainsi que dans différents comités d’agriculture urbaine. C’est en tant que jeune adulte qu’elle se trouve un amour pour la communication mobilisatrice de changements à petite échelle. Passionnée par la richesse de notre terroir et de l’abondance de nos ressources naturelles, elle souhaite protéger son environnement autant que possible pour les générations futures.
Ayant comme bagage professionnel la gestion du changement, la rédaction d’articles, la création de contenu, la sensibilisation environnementale, la coordination de projet, l’organisation d’événements et bien plus, Kathya se joint à l’équipe d’ENvironnement JEUnesse en tant qu’agente de soutien aux programmes.
C’est en touchant à divers enjeux dont l’éducation relative à l’environnement, la justice climatique, la mobilité durable, la gestion des matières résiduelles, la consommation responsable qu’elle saura vous guider à travers sa passion pour ENvironnement JEUnesse.
Margo Burgess-Pollet (pronom: elle)
Agente de projet en mobilisation
margo@enjeu.qc.ca | 514-252-3016
Margo Burgess-Pollet détient une maîtrise en Évaluation Environnementale de l’Université Concordia. C’est en participant à l’organisation d’un événement sur le futur des villes qu’elle se passionne pour l’engagement des citoyens et les opportunités de changement dans les communautés pour les adapter aux changements climatiques. La justice sociale, la protection des milieux marins et aquatiques et la gestion des matières résiduelles sont quelques-uns des thèmes qui l’animent.
Elle s’est formée en 2020 en tant qu’Ambassadrice de la réalité climatique, a fait partie de la cohorte 2022 du Parcours d’apprentissage du plaidoyer pour le climat organisé par CARE, et a été bénévole au Festival Zéro-Déchet de Montréal.
C’est avec un désir de porter des projets impactants et de solides compétences en résolution de problèmes que Margo a rejoint ENvironnement JEUnesse en 2023. Elle occupe le poste d’agente de projet en mobilisation.
Sarah-Katherine Lutz (pronom: elle)
Directrice générale
sarah@enjeu.qc.ca | 514-252-3016, poste 228
Sarah-Katherine Lutz a travaillé plusieurs années dans le milieu culturel, où elle a notamment acquis une grande compréhension du milieu scolaire et des défis auxquels il fait face en développant des activités et des programmes à l’intention du milieu de l’éducation. Elle a entre autres participé à la mise sur pied d’Hémisphères, un réseau d’écoles primaires et secondaires qui placent la culture au cœur de leur quotidien.
Formée en scénographie et en design d’événements, elle met sa créativité à contribution afin de favoriser la cohérence entre les initiatives existantes et de concrétiser les nouvelles idées. Plus que tout, Sarah est une fille d’équipe qui aime collaborer pour déployer des projets innovants.
Sarah-Katherine a joint l’équipe d’ENvironnement JEUnesse en 2021 à titre de coordonnatrice des programmes éducatifs et occupe le poste de directrice générale depuis octobre 2022.
Marianne Renauld Robitaille (pronom: elle)
Chargée de projet en mobilisation
marianne@enjeu.qc.ca | 514-252-3016, poste 223
Détentrice d’une maîtrise en études politiques appliquées et environnement de l’Université de Sherbrooke, Marianne est passionnée par l’action climatique, tant au niveau local qu’international. Elle utilise ses capacités d’analyse et de vulgarisation scientifique pour renforcer la capacité d’agir de ses pairs.
Engagée dans son milieu depuis quelques années, Marianne a développé une bonne connaissance des principaux groupes engagés dans la lutte aux changements climatiques, la transition socio-écologique et la protection des milieux naturels. Marianne fait d’ailleurs partie de l’initiative des 50 jeunes engagés pour le climat (50JEC), qui vise à mieux intégrer la science à la prise de décision politique en matière de lutte aux changements climatiques, un sujet qui lui tient à cœur.
Marianne a également fait partie de la cohorte 2020-2021 de jeunes leaders pour l’environnement d’ENvironnement JEUnesse, et est ravie d’avoir intégré l’équipe à titre d’agente de projet en mobilisation pour susciter l’action politique et plus de justice climatique.