Il suffirait d’écouter

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Ça va vite, la COP*. Dès 8 heures, le centre de conférence de Madrid s’active, et le rythme ne ralentira que très tard le soir. En y entrant chaque matin, je dois faire face à deux options: me laisser entrainer par la vitesse étourdissante du système, ou refuser de prendre part à ce spectacle. L’étudiante, ou la militante? Puis, pourquoi choisir? Je suis étudiante, militante, et avant tout humaine.

C’est un mélange de sentiments contradictoires, la COP: excitation, frustration, et pour ma part, beaucoup de colère et d’impuissance. La semaine dernière, on me demandait de prendre la parole à l’occasion d’une conférence de presse aux côtés d’autres militant·e·s venu·e·s des quatre coins du monde, afin d’exprimer collectivement l’urgence de la situation et le caractère non-négociable du passage à l’action. Bien sûr, j’ai accepté. Et puis quoi?

Au quotidien, la disjonction entre le pouvoir et la réalité de terrain est très claire, elle est même représentée spatialement: le gouvernement, l’Assemblée nationale. À la COP, ces deux mondes sont réunis en un seul et même lieu, et pourtant, le fossé persiste, voire se renforce. Jeudi dernier, lors de la journée dédiée aux jeunes et aux générations futures, j’ai écouté Marinel Ubaldo, une enfant venue des Philippines: «une étude montre qu’en 2030, les Philippines seront submergées. On ne peut pas attendre jusqu’à 2030 pour agir, nous devons agir maintenant.»

Quelques heures plus tôt, Marie Christina Kolo, une jeune femme malgache, partage l’histoire d’une petite fille violée à l’âge de cinq ans, et ce, six années durant. Si cette enfant est devenue éco-féministe, c’est parce qu’elle voit le lien patent entre son corps violé et la planète, que chaque jour, nous violons un peu plus. Évidemment, cette petite fille, c’était elle.

C’est donc ça, la COP. C’est l’humain, qui aux portes des négociations (qui se déroulent dans le dernier bâtiment où nous n’avons quasiment pas accès), se voit refuser l’entrée. La fissure est très nette: dans le même espace physique, les deux mondes ne se rencontrent pas. Et pourtant, il suffirait d’écouter.

*La COP, c’est l’acronyme qui désigne la Conference of the Parties, en anglais, ou la conférence des parties (CdP) en français.

**À propos de l’autrice: Léa Ilardo est cofondatrice et co-porte-parole du collectif La planète s’invite à l’Université, qui s’inscrit dans le mouvement mondial de grève étudiante pour le climat et qui a réuni quelque 150 000 personnes dans les rues de Montréal le 15 mars 2019 à l’occasion d’une manifestation mondiale pour le climat. Elle est candidate à la maîtrise à l’Université de Sherbrooke en études politiques appliquées.