Un continuum de la petite enfance à la vie adulte

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Dans le précédent article de la série, on a pu voir que l’éducation relative à l’environnement (ÉRE) ne se limite pas aux bancs d’école; l’ÉRE est un continuum de la petite enfance à la vie adulte. Pour mieux comprendre cette proposition, voyons maintenant un exemple concret lié à la mobilité durable:

La petite enfance est une période clé pour l’éveil de la sensibilité écologique chez les enfants. On cherche alors à soutenir le développement d’un attachement au monde naturel par l’émerveillement, par la curiosité, par les découvertes, etc. Par exemple, le programme éducatif Accueillir la petite enfance du ministère de la Famille propose l’approche écologique –aussi appelée «approche bioécologique ou écosystémique»– dans laquelle «le développement de l’enfant relève à la fois de ses caractéristiques individuelles et de l’influence de son environnement». On peut aussi s’appuyer sur des approches pédagogiques en petite enfance –telles que Reggio Emilia, Montessori et HighScope– qui intègrent l’apprentissage par l’expérience et le rapport à la nature et qui peuvent inspirer des activités de formation adaptées aux enfants.

La petite enfance est un moment propice pour se familiariser avec son environnement physique et naturel. On peut penser à se déplacer à pied au parc pour un pique-nique zéro déchet, à se rendre au CPE ou à la garderie à vélo avec un parent, à faire une balade dans le quartier et prendre le temps d’observer les bâtiments, les arbres ou les murales. Ces apprentissages permettent de développer progressivement des savoirs-agir.

  • À l’école primaire, on peut participer au Trottibus, un autobus pédestre sécuritaire et encadré qui permet à des élèves de se rendre à l’école à pied, accompagnés de parents ou de bénévoles.
  • Les enseignantes et les enseignants peuvent aussi animer l’atelier développé par Itin’ERE alliant philosophie et pédagogie de l’environnement pour offrir aux élèves du primaire un espace de dialogue favorisant l’usage de la pensée critique à l’égard des valeurs environnementales.
  • Vélo Québec offre le programme Cycliste averti, où les élèves de cinquième ou sixième année du primaire apprennent toutes les notions nécessaires pour se déplacer à vélo de façon sécuritaire dans leur milieu, ce qui encourage le développement de savoir-faire bien pratiques.
  • Des situations pédagogiques en classe peuvent aussi amener les élèves à calculer les impacts de leurs choix de transport. La Fondation Monique-Fitz-Back a par exemple développé «Coûte que coûte, je me déplace!» au niveau secondaire, et «Capote pas, ta solution on l’a!» pour les niveaux collégial et universitaire.

Les exemples ci-haut s’inscrivent dans le développement du savoir-agir. Voyons maintenant les deux autres composantes, soit le vouloir-agir, puis le pouvoir-agir. Le vouloir-agir s’intéresse à nos motivations. Concrètement, on peut offrir des incitatifs aux membres de la communauté, que ce soit des passes mensuelles pour les transports collectifs, une prime pour l’achat de vélo, des espaces de vélo sécurisés, des places pour le covoiturage, des prix ou des concours, etc. D’autres facteurs peuvent influencer notre motivation: pour se familiariser avec le vélo d’hiver, des jumelages entre novices et érudits du vélo peuvent être une pratique intéressante. Avoir accès à une plateforme de covoiturage locale peut aussi faciliter le changement de comportement. Plus c’est facile, normalisé et accessible, plus la transition se fera en douceur.

Le pouvoir-agir, tant individuel que collectif, peut être illustré à travers l’implication effective des élèves, des étudiantes ou des étudiants, et plus largement, de toute la communauté. En effet, participer aux décisions qui nous concernent est une clé de réussite, que ce soit par le biais du comité environnemental, d’un appel à projet ou d’une forme de consultation. Par exemple, si l’établissement qu’on fréquente souhaite installer de nouveaux supports à vélo, il serait logique de consulter les personnes qui se déplacent à vélo pour choisir l’endroit optimal.

On peut aussi encourager les jeunes à prendre part aux audiences et consultations publiques afin de partager leurs opinions et leurs demandes en matière de mobilité. S’il n’y a pas de consultation en cours, les élèves, les étudiantes ou les étudiants peuvent être soutenus pour écrire à leur conseillère ou conseiller municipal, ou même à leurs députés, afin de proposer des améliorations aux aménagements pour faciliter les transports actifs et collectifs. Des actions sur le terrain ou de mobilisation citoyenne sont aussi des stratégies à explorer.

Dans le cadre de sa maîtrise en environnement à l’Université de Sherbrooke, Catherine Ayotte a tenté de mieux comprendre les motifs qui sous-tendent la mobilisation des jeunes face à la crise climatique et cerner le rôle clé de l’ÉRE dans cet engagement politique. Dans une minisérie de cinq articles, elle présente des exemples concrets d’ÉRE inspirés des activités d’ENvironnement JEUnesse, telles que le colloque annuel en environnement ou le programme Jeunes leaders pour l’environnement.

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Synthèse

Avec ce survol de la petite enfance à l’âge adulte, on comprend donc mieux toutes les possibilités du monde de l’ÉRE. Ce puissant outil qu’est l’ÉRE participe à l’émergence d’une société écocitoyenne qui est au cœur de la vision d’ENvironnement JEUnesse. Il s’agit d’une société capable de mettre en place les conditions matérielles, sociales et institutionnelles permettant aux citoyennes et aux citoyens de réfléchir de manière critique aux possibilités d’action et de co-construire l’agir collectif qui leur correspond le mieux dans une perspective transformatrice de justice sociale et environnementale.

Si on prend l’exemple de la crise climatique, cette dernière a été engendrée par un système qui puise sa force dans les oppressions (extractivisme, colonialisme, etc.). Les personnes les plus vulnérables par rapport à la crise climatique sont aussi celles qui subissent le plus d’injustices sociales (personnes autochtones, en situation de pauvreté, racisées, etc.). Pour lutter contre la double crise environnementale et sociale, il faut donc également s’attaquer aux injustices, aux oppressions, aux inégalités dans la société. C’est ce qui nous amène à vouloir agir de manière solidaire avec d’autres luttes, dont les luttes autochtones.

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Éléments de définition

Approche pédagogique | Orientation qui guide l’organisation générale de la situation pédagogique. Par exemple, pédagogie de projet, de terrain, de résolution de problème, approche artistique, coopérative, expérientielle, etc. (Référence: Legendre, R., 2005. Article «Approche pédagogique». Dictionnaire actuel de l’éducation. p.118. 3e édition. Montréal: Guérin. Voir aussi: Sauvé, L., Villemagne, C. et Orellana, I. (2003). Éléments d’une pédagogie de l’éducation relative à l’environnement. Module 4. Programme d’études supérieures – Formation en éducation relative à l’environnement – Francophonie internationale. pp.37-38; 45-46; 51; 81; 107. Montréal: Les Publications ERE-UQAM, Université du Québec à Montréal – Collectif ERE-Francophonie.)

Développement durable | Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. (Référence: Rapport Brundtland, 1987.)

Écocitoyenneté | L’écocitoyenneté constitue la dimension politique du rapport qu’entretiennent les personnes et les sociétés à leur environnement. Elle concerne la prise en charge collective et démocratique des enjeux socio-écologiques car ces derniers sont d’intérêt public. Se déployant à toutes les échelles (de la sphère privée à la sphère planétaire globale en passant par exemple par l’école, le milieu de travail, le quartier, la biorégion, etc.), l’écocitoyenneté comporte des aspects personnel et collectif qui recoupent un certain écocivisme plus instrumental, mais ne s’y réduisent pas. Elle ouvre sur des espaces d’engagement éthique fondamental où les systèmes de valeurs se construisent collectivement en fonction des situations et de leurs contextes. L’écocitoyenneté vise ainsi une écologisation de la citoyenneté et plus largement de la démocratie pour un «vivre-ensemble» incluant au cœur de ses délibérations, les autres formes de vie et les milieux qui les soutiennent. (Référence: Sauvé, L., 2017.)

Écologisation | L’action de rendre conforme aux principes de l’écologie. Ainsi, l’écologisation permet de tirer les apprentissages de la discipline de l’écologie pour les intégrer à nos pratiques, notamment éducatives ou de gestion, et à nos visions du monde.

Écologisation selon UNESCO-UNEVOC | Le processus de quête de connaissances et de pratiques dans l’intention de mieux respecter l’environnement et d’inspirer les décisions dans le sens d’une plus grande responsabilité économique, pouvant favoriser la protection de l’environnement et la durabilité des ressources naturelles pour les générations actuelles et futures. (Référence: UNESCO-UNEVOC, 2017.)

Éducation relative à l’environnement | Dimension de l’éducation fondamentale qui concerne toute forme d’éducation qui a trait au rapport à l’environnement. Plus qu’une éducation au sujet de ou à propos de l’environnement, c’est aussi une éducation dans, par et pour l’environnement. À travers trois perspectives complémentaires, elle vise à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement, à favoriser le développement intégral des personnes et des groupes sociaux, de même qu’à offrir des pistes pour l’amélioration de la pédagogie.

Société écocitoyenne | Les membres d’une société écocitoyenne comprennent collectivement les enjeux associés au vivre-ensemble entre les humains et les autres formes de vie (comme la crise climatique, la perte de la biodiversité, les inégalités sociales, etc.) au sein d’un environnement commun et s’appuient sur différentes sources de savoirs dont les connaissances traditionnelles et autochtones, les savoirs scientifiques et citoyens pour ce faire. Il s’agit d’une société capable de mettre en place les conditions matérielles, sociales et institutionnelles permettant aux citoyennes et aux citoyens de réfléchir de manière critique aux possibilités d’action et de co-construire l’agir collectif qui leur correspond le mieux dans une perspective transformatrice de justice sociale et environnementale.

Stratégie pédagogique | Une stratégie pédagogique met en œuvre une approche globale en proposant un plan d’organisation de la situation pédagogique. Par exemple, atelier de découverte, étude de cas, jeu de rôle, concours, exposition, etc. (Référence: Article «Stratégie pédagogique». Dictionnaire actuel de l’éducation. pp.1263-1267. 3e édition. Montréal: Guérin. Voir aussi: Sauvé, L., Villemagne, C. et Orellana, I., 2003.)

Remerciements

ENvironnement JEUnesse est partenaire associé du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’Université du Québec à Montréal depuis 2016. Notre vision de l’éducation relative à l’environnement et ces explications sont ainsi grandement inspirées des travaux des chercheuses et chercheurs du Centr’ERE que nous tenons à remercier.