Comment les jeunes d’aujourd’hui se déplaceront-ils demain?

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Tiohti:áke/Montréal, le 29 mars 2021 – Une nouvelle recherche intitulée Les jeunes et la mobilité: perceptions et aspirations est publiée par Jérôme Laviolette, boursier de la Fondation David Suzuki, dans le cadre d’un événement sur la mobilité durable de la communauté Cégep Vert du Québec d’ENvironnement JEUnesse. Dans le cadre de ce rapport, cet étudiant au doctorat en mobilité à Polytechnique de Montréal dévoile comment les facteurs psychosociaux de notre attachement à l’automobile influencent les choix des jeunes d’aujourd’hui qui auront des répercussions sur leurs choix en matière de transport dans le futur.

Ce projet de recherche compile des tendances observées dans le cadre d’une série d’entretiens et de sondages auprès de plus de 1000 jeunes de 18 à 25 ans qui fréquentaient le Cégep Ahuntsic, le Cégep Édouard-Montpetit et le Collège Montmorency en 2018.

  • 95% des jeunes sondés croient que le transport en commun est plus écologique et contribue à réduire le trafic, mais seulement 28% s’y sentent davantage en sécurité et 81% croient qu’ils ne sont pas fiables pour s’assurer de rejoindre leur destination dans les temps planifiés.
  • Une croyance partagée par l’ensemble des répondantes et des répondants est le sentiment d’autonomie, de liberté et de flexibilité associé à la voiture, mais aussi le coût élevé de ce mode de transport.
  • En utilisant une voiture, les jeunes reconnaissent qu’ils ont une empreinte carbone importante (70%) et qu’ils contribuent et souffrent en même temps du trafic (44%).
  • Enfin, l’ensemble des personnes répondantes reconnaissent que le transport actif contribue à leur bien-être physique et psychologique, bien qu’une part importante se sent plus vulnérable et moins en sécurité (89%) ou plus exposée aux aléas climatiques (77%) à pied ou à vélo.

«De nombreuses recherches à l’international ont illustré que la génération actuellement âgée de 18 à 30 ans avait des comportements de mobilité moins axés sur l’automobile que les générations précédentes», illustre Jérôme Laviolette. «Notre objectif était d’explorer cette tendance en contexte québécois, de comprendre ces changements d’attitudes concernant l’auto et d’identifier des solutions pour soutenir des comportements de mobilité durable dans le futur.»

Lorsqu’on demande aux jeunes de se projeter dans l’avenir, on remarque d’apparentes contradictions dans leurs discours.

  • 75% des participantes et des participants aux groupes de discussion ont actuellement des comportements de mobilité durable, qui incluent le transport en commun et le multimodal, mais une proportion équivalente aspire à maintenir une mobilité multimodale dans le futur tout en souhaitant vivre en milieu suburbain ou rural, en quête d’un endroit calme, paisible et sécuritaire.
  • La moitié des personnes ayant participé aux groupes de discussion souhaitent posséder un véhicule électrique, une aspiration possiblement influencée par la promotion gouvernementale de ces véhicules.
  • Deux fois plus de répondantes et de répondants souhaitent posséder un véhicule de luxe (13%) que de n’en posséder aucun (6%).

Au Québec, 22% des gaz à effet de serre proviennent du transport de personnes en automobile et camion léger. «Considérant l’urgence de freiner la crise climatique, il faut s’intéresser aux déterminants psychologiques qui guident les choix des consommatrices et des consommateurs de demain, car on sait maintenant que pour motiver des changements de comportement, il ne suffit pas de bonifier l’offre des transports alternatifs en citant quelques statistiques d’impact pour rappeler les conséquences délétères de nos choix de mobilité individuels non durables», soulève Louise Hénault-Ethier, cheffe des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki. «Pour parvenir à des changements concrets, le domaine des sciences de l’environnement et de l’ingénierie doit s’ouvrir aux volets psychosociaux. C’est exactement ce qu’a fait Jérôme Laviolette dans le cadre de ses recherches scientifiques sur la question de la mobilité des jeunes. Si l’on souhaite devenir moins dépendants à l’automobile, il faut comprendre ce qui nous rend accros.»

«Comme on l’a vu dans les derniers mois, la jeunesse s’est fortement mobilisée dans la lutte contre la crise climatique. Les jeunes sont nombreux à demander de nouvelles infrastructures sécuritaires vertes dédiées aux transports actifs et collectifs, tant dans les centres urbains qu’en région», explique Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse. «Trop souvent, les jeunes se sentent impuissants, comme ils n’ont pas de pouvoir décisionnel sur l’aménagement de ces infrastructures.» L’organisme espère ainsi que les conclusions du rapport pourront à la fois outiller les jeunes dans leurs demandes et inspirer de futures actions porteuses de changement en mobilité dans les milieux de l’éducation, dont le réseau Cégep Vert du Québec.

Parmi les recommandations qui émanent du rapport, on note que l’offre de laissez-passer annuels au même prix que les titres de transport durant l’année académique serait un incitatif intéressant pour favoriser l’utilisation des transports en commun durant la période estivale pour laquelle une passe mensuelle revient moins rentable pour les personnes étudiantes. On recommande aussi de développer des campagnes de promotion des habitudes de mobilité moins dépendantes à l’automobile qui pourraient viser à augmenter le sentiment de responsabilité face aux conséquences de l’automobile, notamment ce qui concerne les changements climatiques, ou à promouvoir des applications mobiles de planification des transports qui utilisent des données en temps réel pour accroître le sentiment de fiabilité du transport en commun.

Pour télécharger le rapport sommaire (français) Pour télécharger le rapport (anglais)

Les recherches de Jérôme Laviolette, effectuées dans le cadre d’un stage de plus d’un an à la Fondation David Suzuki, démontrent que la dépendance à l’automobile a des composantes culturelles et psychologiques qui rendent la mise en œuvre de solutions et de stratégies de mobilité durable particulièrement ardue. Ce dernier rapport vient clôturer la trilogie de ce chercheur qui s’intéresse à la dépendance à l’auto-solo suite à la parution à l’automne 2020 d’un premier rapport sur L’état de l’automobile au Québec: constats, tendances et conséquences et d’un second rapport sur Mobilité et psychologie: comprendre et agir pour soutenir les changements de comportement.

Renseignements:

Alain Labonté
alain@alainlabonte.ca | 514-815-2128

À propos de l’auteur

Jérôme Laviolette détient un baccalauréat en génie civil de Polytechnique Montréal ainsi qu’une maîtrise (M.Sc.A) en génie des transports. Depuis septembre 2017, il est l’un des trois premiers boursiers du programme de bourses de la Fondation David Suzuki (Fellowship). Comme chercheur invité dans le cadre de ce programme, il s’est penché sur les aspects psychosociaux de la dépendance à la l’auto-solo et sur les pistes de solutions visant à amener des changements dans la perception de la place de la voiture en ville afin de soutenir une transition vers la mobilité durable. Le sujet l’a tellement passionné qu’il a décidé d’en faire une thèse de doctorat portant plus largement sur les diverses facettes de notre dépendance individuelle et collective à l’automobile. Il complète ce doctorat en planification des transports et mobilité au sein de la Chaire Mobilité à Polytechnique Montréal sous la direction des professeurs Catherine Morency et Owen Waygood. Il est aussi membre du Chantier auto-solo, une table de travail transdisciplinaire dont l’objectif est de mieux comprendre les facteurs psychosociaux impliqués dans la relation qu’entretiennent les Québécoises et les Québécois avec l’automobile.

À propos du programme Cégep Vert du Québec d’ENvironnement JEUnesse

Cégep Vert du Québec est un programme d’accompagnement et de certification environnementale spécifique aux milieux collégiaux. Le programme, offert par ENvironnement JEUnesse, permet de contribuer à la formation d’une jeunesse responsable et engagée, consciente des enjeux environnementaux, sociaux et économiques. Dans le cadre du programme, divisé en quatre niveaux de certification, les établissements ont accès à des canevas de plans d’action, à des exemples de politique environnementale, à des formations, etc. La force du réseau réside entre autres sur le partage de bonnes pratiques entre les établissements membres de même que sur les projets déployés en commun. À cela s’ajoutent un accompagnement personnalisé en tout temps et des recommandations de la part d’un comité aviseur. Au cours de la dernière année seulement, Cégep Vert du Québec a réuni des établissements dans 10 régions, en plus de favoriser la tenue de 368 activités de sensibilisation et de 291 activités de formation rejoignant plus de 40 000 personnes.

À propos de la Fondation David Suzuki

Créée en 1990, la Fondation David Suzuki est un organisme sans but lucratif pancanadien et bilingue. Son siège social est à Vancouver et elle compte des bureaux à Montréal et Toronto. La Fondation s’appuie sur des recherches avérées. Elle mise sur la sensibilisation et l’analyse de politiques d’intérêt public pour mener son action en faveur de la conservation et de la protection de l’environnement afin d’aider à dessiner un avenir pour le Canada. La Fondation collabore régulièrement avec des organismes sans but lucratif et communautaires, les gouvernements, les entreprises, les citoyennes et les citoyens.